un soupir de bonheur sous un bel arbre, c'est toute une fête champêtre,
et nulle flûte, nulle danse n'en dit plus long que ce soupir.
Voilà pourquoi j´ai voyagé à pied, par simple amour du vent et de la terre.
Ce qu´on doit être, on l´est. On l´est avant le fruit, avant la fleur, avant même la graine close.
De midi à une heure, c´est le coeur du jour.
Il arrive que les grandes décisions ne se prennent pas, mais se forment d´elles-mêmes.
Il faut se contenter de découvrir mais se garder d'expliquer.
Peut-être la paix est-elle plus que le bonheur.
Il est d'un esprit économique de l'âme de réserver une part de désir jusqu'à la fin.
Quelques liens
- Lettre à Jean Steinmann, Pentecôte 1948,
in "Jean Steinamm, Littérature d´hier et d´aujourd´hui" -
Desclée de Brouwer, 1963
"J'ai écrit des récits. Le récit m'est indispensable pour atteindre indirectement à la poésie. C'est la poésie que je cherche, c'est-à-dire la création de fictions, tirées du plus profond de l'âme et dont la vie fictive, observée, analysée avec soin, me permette d'étudier et de connaître cette âme elle-même, par cette sorte de reflet.
Or pour que ces reflets soient bien vivants, pour qu'ils s'animent, il faut mettre l'âme en présence de ces points magnétiques du monde qui, par leurs radiations, excitent le plus intensément les puissances intérieures : la terre, les bêtes, le vent, l'eau, le feu, l'air, certaines créatures privilégiées, intermédiaires étranges entre nous et l'inconnu.
C'est la quête des secrets. Or que nous laissent supposer ces secrets multiples, sinon que tout se tient, que tout voit, que tout communique, que tout a un sens, et qu'on erre à ne pas croire en cette unité de la vie ; bien plus que vie et mort sont deux branches d'un même tronc, et que finalement tout aboutit à l'unité de l'être, qui, lui-même, fondu dans le non-être, est mystérieusement contenu par Dieu. Tout mythe poétique est un mythe religieux.
Chercher à travers ces secrets, découvrir les communications invisibles au commun c'est aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre."
Je remercie Gérard (de Mana en Guyane française) pour m´avoir envoyé cet extrait de lettre.
Baiser papillon
laurence