« Les rêves , les désirs et les espoirs sont les étoiles de nos vies. » Michel Bouthot - Selon la légende des Indiens d’Amérique : « Pour que votre rêve se réalise, murmurez-le à un papillon. Sur ses ailes, il montera au ciel et se réalisera car les papillons sont les messagers du Grand Esprit. » - « Il n y a qu´une chose qui puisse rendre un rêve impossible : la peur d échouer. » Paolo Coelho

mardi 26 juillet 2011

"Intérieur" Renée Vivien




Intérieur

Dans mon âme a fleuri le miracle des roses.

Pour le mettre à l´abri, tenons les portes closes.


Je défends mon bonheur, comme on fait des trésors,

Contre les regards durs et les bruits du dehors.


Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence.

Où l’heure au cours égal coule avec nonchalance.


Aucun souffle ne fait trembler le mimosa

Sur lequel, en chantant, un vol d’oiseaux pesa.


Notre chambre paraît un jardin immobile

Où des parfums errants viennent trouver asile.


Mon existence est comme un voyage accompli.

C’est le calme, c’est le refuge, c’est l’oubli.


Pour garder cette paix faite de lueurs roses,

O ma Sérénité ! tenons les portes closes.


La lampe veille sur les livres endormis,

Et le feu danse, et les meubles sont nos amis.


Je ne sais plus l’aspect glacial de la rue

Où chacun passe, avec une hâte recrue.


Je ne sais plus si l’on médit de nous, ni si

L’on parle encor… les mots ne font plus mal ici.


Tes cheveux sont plus beaux qu’une forêt d’automne,

Et ton art soucieux les tresse et les ordonne.


Oui, les chuchotements ont perdu leur venin,

Et la haine d’autrui n’est plus qu’un mal bénin.


Ta robe verte a des frissons d’herbes sauvages,

Mon amie, et tes yeux sont pleins de paysages.


Qui viendrait, nous troubler, nous qui sommes si loin

Des hommes ? deux enfants oubliés dans un coin ?


Loin des pavés houleux où se fanent les roses,

Où s'éraillent les chants, tenons les portes closes…

1 commentaire:

Lorraine a dit…

J'aime beaucoup Renée Vivien et je suis heureuse de trouver ici ce poème d'elle que je ne connaissais pas. Elle aimait les femmes exclusivement et avait les mots pour les dépeindre, dans leur abandon, dans leurs petites trahisons dans leur crainte aussi... Merci, chère Laurence, pour ce poème. Bisous.