Je ne sais pas
Je ne sais pas
Si le souffle du vent retient la peur de vivre
S’il existe pour moi un espace où me rendre
Innocente ou coupable de ce « mal d’être » au monde
Je ne sais pas
Retenir le regard
Lumière au cœur des ombres en des lieux improbables
Mais je sais cet instant
Où tu m’ouvres les bras
Cette danse pour toi au secret des forêts
Cheveux tressés de feuilles dans l’odeur de la mousse
Je suis chêne et roseau
Et je sais que je t’aime
Je ne sais pas
Si les mots que je cueille peuvent écrire le poème
Paroles inachevées, si les lettres froissées trouveront un écho
Quand les mains portent traces des brûlures de l’encre
Je ne sais pas
Désarmer ces silences
Erosion sur la page lézardée des non-dits
Mais je sais cet instant
Où tu me reconnais
Quand nos pas accordés font chanter les galets
J’entends la soie des vagues bercer les coquillages
Je suis l’algue et la dune
Et je sais que je t’aime
Je ne sais pas
Ce qui préserve et sauve, si la mort nous commence
Ou renvoie au néant nos folles espérances
Comme on jette à la mer les cendres refroidies
Je ne sais pas
Nommer cette confuse attente
Etincelle fragile dans un ciel d’absolu
Mais je sais cet instant
Où serrée contre toi
Je regarde le fleuve épouser le soleil
Quand les îles nacrées nous parlent de voyages
Je suis l’or et le bleu
Et je sais que je t’aime
Je ne sais pas
Les psaumes qui sont chemin de foi, je ne peux pas prier
Un Dieu qui se dérobe et ne me console pas
Quand lasse de chercher je suis au bord du vide
Je ne sais pas
Marcher dans les pas des prophètes
Ni quelle source d’eau claire donne vie éternelle
Mais je sais cet instant
Lorsque tes doigts déchiffrent
Où je crois au miracle dans le beau de l’accord
Je rejoins mon pays délivrée de la peur
Je suis l’orgue et le vent
Et je sais que je t’aime
Lise Cassin