Un jour où il neigeait dru
Un jour où il neigeait dru, Srulek rendit visite à son ami et voisin qui
était aveugle.
L’aveugle demande à Srulek :
– Dis-moi, elle est comment la
neige ?
– La neige, elle est blanche.
- Ah, dit l’aveugle.
– La neige, elle est blanche.
- Ah, dit l’aveugle.
Après un
moment, il demande encore :
- Mais c’est comment, blanche ?
- Blanche, dit Srulek en cherchant ses mots, blanche, c’est comme le lait.
- Ah, dit l’aveugle.
- Mais c’est comment, blanche ?
- Blanche, dit Srulek en cherchant ses mots, blanche, c’est comme le lait.
- Ah, dit l’aveugle.
Et un moment plus tard, il demanda :
- Le lait, c’est comment ?
- Le lait, dit Srulek, c’est comme des oiseaux blancs, sur la rivière, tu vois, des cygnes…
- Ah, dit l’aveugle.
- Le lait, c’est comment ?
- Le lait, dit Srulek, c’est comme des oiseaux blancs, sur la rivière, tu vois, des cygnes…
- Ah, dit l’aveugle.
Et un moment plus tard, il demanda
à Srulek :
- Dis-moi Srulek, c’est comment un cygne ?
- Eh bien, c’est un grand oiseau, avec de larges ailes, un cou très long et courbé, et un bec comme ça…
- Dis-moi Srulek, c’est comment un cygne ?
- Eh bien, c’est un grand oiseau, avec de larges ailes, un cou très long et courbé, et un bec comme ça…
Alors Srulek allongea son bras et courba son poignet pour imiter un
cygne. L’aveugle tendit la main et caressa le bras et la main de Srulek,
lentement, attentivement, avant de dire en souriant :
- Ah oui, maintenant, je vois comment elle est, la neige…
- Ah oui, maintenant, je vois comment elle est, la neige…
Conte extrait d’un recueil de Jean-Claude Carrière : le cercle des
menteurs
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